Cité Universitaire de Perpignan : au bâtiment D "comme Dégât des eaux", depuis des mois, les étudiants réclament des logements dignes
Depuis janvier 2024, ces étudiants d’une cité U de Perpignan subissent avarie sur avarie : coupures d’électricité, nuisances sonores dues au groupe électrogène de secours, éviers bouchés, punaises de lit pour certains et cafards dans les cuisines, eau brûlante au robinet, et depuis janvier… il pleut dans les couloirs. Visite guidée, consternante, du bâtiment D de la résidence du CROUS "Moulin à vent". Rebaptisé "D comme Dégât des eaux"
Ces derniers jours, en entrant dans la résidence, on est tenté de ne pas fermer son parapluie. Chaussures étanches, ou claquettes de piscines, sont de rigueur. Au sol, par endroits, plusieurs centimètres d’eau peuvent faire des vagues quand on marche. Le long des escaliers s’écoule un flot continu. Plus on monte, plus la pluie est drue. Les étudiants logés dans le bâtiment D de la résidence Moulin à Vent, gérée par le CROUS de Montpellier, n’en peuvent plus. Pour la plupart, ils sont étrangers. C’est sans doute ce qui explique qu’aucun n’a saisi son portable pour dénoncer sur les réseaux sociaux leurs conditions de vie. Comme d’autres lycéens, ou profs, de Seine-Saint-Denis l’ont fait récemment sur TikTok pour alerter sur la vétusté de leur établissement. Avec un retentissement incontestable.
Ici, certains en thèse, sont résidents depuis bientôt 10 ans, d’autres sont arrivés il y a quelques mois. Et tous ont constaté la dégradation du bâtiment. Dans une coursive, entre les seaux, Lamia, serpillière en main, éponge le trop-plein sur le sol. "C’est de pire en pire. Hier, on était très inquiètes avec mes copines, confie l’étudiante algérienne en Master 1 Science du langage, parce qu’il y avait vraiment beaucoup d’eau qui s’écoulait du plafond, on a peur à cause de l’électricité." Ce ne sont pas des infiltrations, mais des canalisations qui fuient.
Si l’eau n’entre pas dans les chambres, en revanche, celle du robinet y est la plupart du temps brûlante, ou froide. Plusieurs décrivent leur rituel pour la douche : "On remplit un seau d’eau chaude le soir et on la laisse refroidir dans la nuit. Et le matin, on la mélange comme on peut avec celle du robinet". Lamia, elle, s’est vu proposer d’accéder à la douche d’un appartement libre dans un étage épargné.
On rêve de changer de bâtiment
Pour la cuisine, aux éviers souvent bouchés, elle devait se rendre dans un bâtiment voisin. "Honnêtement, avec mes amies, on rêve de pouvoir changer d’immeuble. Le A ou le B où l’on va manger parce qu’il y a aussi des tables dans la cuisine, et qu’on y a des connaissances, ils sont en super état."
Une indemnisation réclamée
D’autant que les tuiles se sont succédé ces derniers mois. Ibrahim, au 3e, a demandé, et obtenu rapidement, un traitement contre les puces de lit qui ont infesté son studio. Mais la présence des cafards semble récurrente. "Surtout dans les chambres proches des cuisines", se plaignent les résidents. Tout comme ils dénoncent avoir subi pendant des mois, non seulement des coupures intempestives de courant, mais aussi, à la suite d’un incident survenu en septembre au niveau de la rue, les nuisances sonores d’un groupe électrogène de secours.
C’est le Droit au Logement 66, et son président Abdelaziz Righi, partie prenante du lancement récent d’une nouvelle association étudiante baptisée SCUP (Syndicat de combat universitaire de Perpignan, sur le modèle du SCUM montpelliérain), qui s’est emparé du sujet et a envoyé une vidéo "état des lieux" au CROUS ce lundi 29 avril et échangé avec le directeur du CLOUS de Perpignan. Mais les revendications vont plus loin. "On paye comme les autres étudiants alors qu’on vit dans des conditions indignes, ce n’est pas équitable !", dénoncent des résidents. Ils réclament une indemnisation.
"Dès jeudi, nous lançons l’intervention et si nécessaire, nous relogerons certains étudiants"
Ce mercredi 1er mai, Laurent Laroche, tout nouveau directeur du CLOUS Perpignan, arrivé la semaine dernière, a voulu rassurer les locataires : "Depuis trois ou quatre mois en effet, les fuites se répètent sporadiquement sur l’ensemble de la résidence. Elles sont traitées au fur et à mesure, mais là, la situation s’est aggravée dans des proportions qui ne sont pas acceptables. Nous sommes face à un problème structurel", constate-t-il. Il explique avoir saisi les équipes techniques et le CROUS de Montpellier, qui s’est déplacé lundi. "Mais la résidence n’est munie que d’une seule vanne pour couper l’eau. Alors dès ce jeudi aura lieu une intervention pour installer une vanne par étage" afin de limiter le temps d’impact des réparations pour les étudiants, en pleine période d’examens. "Vendredi sera engagée l’intervention sur la grosse fuite de l’escalier", enchaîne le directeur. Il redoute en revanche, "face à la fragilité de la structure", que d’autres fuites n’apparaissent ailleurs. Auquel cas, il envisage de reloger en chambres individuelles la quarantaine d’étudiants logeant aux 3e et 4e étages du bâtiment D. Pour la question de l’eau chaude, "un appel d’offres a été lancé pour remplacer les mitigeurs", assure-t-il. Un programme de rénovation des cuisines est visiblement en cours puisque les travaux ont démarré en ce début de semaine. Enfin, pour ceux qui s’estimeraient lésés financièrement, "il faut nous saisir individuellement", encourage Laurent Laroche.
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?