Limouxin : le domaine de Louvière ou l’écologie au cœur de la vigne

  • Corinne Baute explique les avantages du palissage.
    Corinne Baute explique les avantages du palissage. M.D. - M.D.
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Claire-Marie Kubel

Sur l’une des deux collines du village de Malviès, le domaine viticole de La Louvière se préoccupe des questions environnementales depuis plusieurs années. Des expériences rendues possibles par la famille Grohe, propriétaire du domaine depuis 2009, et qui apportent plusieurs avantages viticoles.

Déjà en agriculture raisonnée, le domaine de la Louvière a passé sa production en agriculture biologique, suite à une prise de conscience. "Quand on disait à ma fille qu’elle ne pouvait pas s’approcher de son père sortant du tracteur parce qu’il venait de traiter la vigne, on a fini par se dire : mais qu’est-ce que l’on est en train de faire ?", se rappelle Corinne Baute, responsable commerciale et administrative de la Louvière.

Une sensibilité transparaît dans les balades guidées

De mai à septembre sur les coups de 10 heures, Corinne emmène les visiteurs à travers vignes le long d’un parcours didactique où des panneaux instruisent sur les cépages, le terroir et autres sujets d’intérêts en plusieurs étapes de la marche. Dans un paysage ouvert à 360° où le pic de Bugarrach et celui de Saint-Barthélémy s’imposent par leur présence, elle raconte le domaine, son histoire, son nom et ses choix en matière de production. Dans cette ambiance paisible, le thym en fleur fait connaître son parfum tandis que les orchidées sauvages et les coquelicots, très en avance sur leur temps car annonciateurs de l’été, ne passent pas inaperçus. À proximité, un hôtel à insectes et une ferme à vers ont été installés, révélateurs de l’attention portée au rôle que jouent ces petits habitants volants ou rampants dans la vigne.

La ferme à vers-de-terre informe les visiteurs sur leur utilité pour les sols.
La ferme à vers-de-terre informe les visiteurs sur leur utilité pour les sols. M.D. - M.D.

"En réalité cette ferme à vers-de-terre nous a surtout beaucoup servis au début, pour repeupler nos sols", raconte Corinne Baute. Cette microfaune, cruciale pour aérer le sol et fabriquer de l’humus pour fertiliser la terre, est aujourd’hui présente partout sur le domaine. Mais son emplacement initial ainsi qu’un panneau explicatif persistent pour "illustrer notre démarche", précise Corinne Baute en longeant l’allée qui clôture la balade, sous l’ombre des amandiers, noyers et autres oliviers.

Sur l’une des allées du domaine, les amandiers côtoient des noyers et des oliviers.
Sur l’une des allées du domaine, les amandiers côtoient des noyers et des oliviers. M.D. - M.D.

Une réflexion globale qui porte ses fruits

Le domaine de la Louvière conçoit son travail de la vigne de façon écosystémique : plantes, insectes, animaux, températures, exposition au vent, au soleil, type de sol sont en interaction et œuvrent tous ensemble au maintien d’un équilibre écologique. La compréhension des mécanismes naturels est encouragée par l’équipe notamment auprès des stagiaires passant par le domaine."Par exemple, l’intérêt de palisser est de permettre une bonne aération entre les feuilles et une bonne exposition", explique Corinne Baute, mimant l’action de palissage.

Le domaine a dernièrement investi dans des panneaux photovoltaïques.
Le domaine a dernièrement investi dans des panneaux photovoltaïques. M.D. - M.D.

L’opération consiste à relever la vigne, pour une meilleure répartition sur la rangée. De ce fait, l’air circule mieux et les feuilles sont plus exposées au soleil. Un petit changement qui répond à un double avantage : l’aération permet de lutter contre les maladies dont le mildiou ; la vigne captera l’énergie solaire pour mieux se développer.

Le domaine de la Louvière surplombe le village de Malviès.
Le domaine de la Louvière surplombe le village de Malviès. M.D. - M.D.

L’équipe de la Louvière sème également des vesces et des fèves dans les inter-rangs des vignes, pour garder l’humidité au sol après fauchage, limiter la pousse des mauvaises herbes et ainsi faciliter le désherbage. Un paillage laissé à même le sol, pour l’enrichir en azote au fur et à mesure de leur décomposition.

Pour certains cépages, les vendanges sont réalisées de nuit pour éviter les écarts de températures.
Pour certains cépages, les vendanges sont réalisées de nuit pour éviter les écarts de températures. M.D. - M.D.

Jouer avec le terrain

À l’heure où la sécheresse et la chaleur préoccupent bon nombre de viticulteurs audois, le domaine de la Louvière pourrait servir d’exemple. L’un de ces cépages est en effet implanté sur un sol caillouteux, dont les pierres absorbent la chaleur et la relâchent lentement. Un phénomène qui permet de réduire les écarts de température au sol notamment la nuit et aux raisins d’être à la fois plus sucrés et moins acides. Une complexité avec laquelle l’équipe du domaine "compose tout en s’amusant", souligne Corinne Baute, et qui leur permet de mener des expérimentations innovantes sur le terroir de la Malepère.

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