Innovation : les aides à la personne du Narbonnais s’organisent en autogestion
Le SIVOM de Narbonne Rural, spécialisé dans le service à la personne, et déployé dans 16 communes autour du Narbonnais, étudie un nouveau mode de gestion, qui privilégie l’autonomie de ses agents. Explication.
Bouleverser les mentalités, il faut oser ! Edouard Rocher, président du SIVOM (Syndicat intercommunal à vocation multiples) Narbonne rural, a introduit l’idée d’une organisation autogérée dans le fonctionnement de la structure publique. Sous l’œil attentif du département qui l’accompagne, il forme depuis près d’un an les agents, afin de passer du projet à la réalité. Un comité de pilotage a été créé, des ateliers ont été organisés avec des agents volontaires, un cabinet spécialisé dans les services à la personne et en sociologie a dispensé des formations. Le principe est proche de l’autogestion : il s’agit d’accorder de l’autonomie aux agents et les laisser s’organiser entre elles par secteur pour leur planning et la répartition des bénéficiaires.
Des équipes qui montent les plannings elles-mêmes
Du jamais vu en terre languedocienne ! "Je m’inspire d’une expérience tirée de l’organisation d’infirmières dans le Nord de la France" explique Edouard Rocher."On part de celles qui connaissent le terrain, elles ont une vue sur leur propre planning, et en fonction du nombre d’heures à respecter, elles s’organisent en fonction de leurs intérêts. Les équipes de 4 à 5 agents sont autonomes et montent les plannings ensemble". Une collaboration qui impose un esprit d’équipe. "Il est important d’être à l’écoute des besoins des bénéficiaires. Qui mieux qu’elles le sont ? Elles les voient chaque jour ! Elles sont à l’écoute."
Étape par étape, l’heure est à l’adaptation de ce mode de fonctionnement à l’ensemble du SIVOM qui emploie 80 agents sur 16 communes. L’idée a dû faire son chemin : "Pas évident de tout changer, il y a eu des réticences au début. Certaines ont eu peur, se demandaient si elles seraient capables de s’entendre". Le changement s’amorce peu à peu, avec la création d’un groupe whatsapp qui favorise l’échange d’informations. "La responsable de secteur sera moins sur la gestion du planning, elle va pouvoir se consacrer au cœur de son métier".
Les bénéfices sont importants : "Moins de pénibilité au travail, amélioration des conditions de travail, ce qui engendre moins d’absentéisme et ce contexte est bon pour les bénéficiaires" liste Edouard Rocher.
Des agents favorables
Du côté des agents, Vanessa, Jessica et Stéphanie, qui ont été volontaires pour participer aux comités de pilotage et aux ateliers sont favorables à la démarche. "On est contentes : on le fait déjà entre nous et ça fonctionne bien. Par exemple, on sait qui est remplacée et par qui, et on fait le lien entre nous. Le bénéficiaire, avec qui on a noué une relation de confiance est sécurisé. On lui explique, par exemple : je pars quelques jours mais c’est une telle qui sera là, elle est très bien, très gentille, ça se passera très bien… C’est important, ils ont besoin de repères".
"Les agents ne sont plus déplacés au gré des besoins, ce ne sont pas des pions. Elles ont la sécurité d’être abritées dans une structure qui privilégie l’autonomie" assure le président. De plus, les salaires ont été réévalués, ce qui accentue l’attractivité de ce métier humain, dont le recrutement se heurtait aux faibles salaires. Aujourd’hui, une assistante de vie titulaire à 80 %, pour 130 heures, touche environ 1400 euros nets.
Au SIVOM de Narbonne Rural, 7 agents sont actuellement recherchés. La structure intervient depuis plus de 50 ans auprès des personnes âgés ou fragiles permettant leur maintien à domicile sur un territoire de 16 communes dont il a la compétence, soit un bassin de vie de près de 40 000 habitants.
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