Littérature étrangère - « La mémoire des mers » entre pétrole et baleines

  • « La mémoire des mers », Petra Rautiainen, Seuil, 256 pages, 21,50 € « La mémoire des mers », Petra Rautiainen, Seuil, 256 pages, 21,50 €
    « La mémoire des mers », Petra Rautiainen, Seuil, 256 pages, 21,50 € Seuil
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Histoire familiale, fable écologique et quête personnelle : le nouveau roman de Petra Rautiainen raconte avec brio une partie cachée de la Norvège. 
 
 

L’image de la Norvège, pays éclairé qui a décidé de faire profiter toute sa population de la manne du pétrole, sort un peu écornée de ce roman de Petra Rautiainen. L’or noir permet à cette contrée d’être parmi les plus riche et progressiste, mais cela reste un trésor issu d’une énergie fossile, limitée et aux conséquences écologiques catastrophiques.

La mémoire des mers, sous couvert d’une histoire familiale tragique, explore les toutes premières conséquences négatives de la recherche du pétrole dans les mers du Nord de l’Europe. Pourtant, la narratrice, Aapa, est l’employée zélée d’une compagnie pétrolière. Née dans le nord du pays au sein de la minorité kvène, elle vit désormais en Floride. Elle écrit les scénarios de documentaires destinés à présenter positivement l’action des multinationales. De la pure propagande.

L’action se déroule au début des années 80 et les premiers rapports dénonçant le réchauffement climatique à cause des gaz à effet de serre sont rendus publics. Son boulot n’en devient que plus important…

Elle va revenir en Norvège, dans le village où elle a grandi, pour un documentaire où intervient un des plus grands foreurs du pays, Henrik. Car comme elle le sait parfaitement, « la réalité n’est pas constituée de faits, elle est composée d’histoires. » Henrik a qui elle reproche d’être responsable de la mort accidentelle de sa mère ? Tuée en 1959 par une baleine devenue folle.

Reste à savoir pourquoi le cétacé est devenu agressif. Ce passé hante Aapa. Ses rêves en souffrent : « Le sommeil est semblable à la mer. Il vous appelle vers le rivage ou vous emporte vers le grand large. Il vous porte à la surface ou vous plonge en ses abîmes. Dans le monde nocturne, je suis sous la mer et une vague blanche déferle au-dessus de moi comme une queue de baleine. Elle se jette sur moi. » Un roman total, organique et glacial. Comme cet océan arctique qui pourtant, très bientôt, ne gèlera plus du tout en été.

« La mémoire des mers », Petra Rautiainen, Seuil, 256 pages, 21,50 € (« Un pays de neige et de cendres » vient de sortir en poche aux éditions Points, 320 pages, 8,30 €)

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