Sédentarité, mal-être, sommeil : les effets néfastes des écrans sur les enfants

  • Un rapport d'experts qui sera remis au chef de l'Etat ce mardi 30 avril préconise d'interdire les écrans aux enfants âgés de moins de 3 ans.
    Un rapport d'experts qui sera remis au chef de l'Etat ce mardi 30 avril préconise d'interdire les écrans aux enfants âgés de moins de 3 ans. fzant / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Faut-il interdire les écrans aux enfants âgés de moins de 3 ans ? C'est en tout cas ce que préconise un rapport d'experts qui sera remis à Emmanuel Macron ce mardi 30 avril, alertant notamment sur les dangers qu'ils représentent pour la santé des plus jeunes. Et ils seraient nombreux à en croire les études qui se sont succédé ces dernières années sur le sujet, des troubles du sommeil à la sédentarité en passant par les troubles de la santé mentale.

Interdire les écrans aux enfants âgés de moins de 3 ans, les téléphones portables aux enfants de moins de 11 ans, et les réseaux sociaux aux adolescents de moins de 15 ans. Voici en substance ce que recommande la commission d'experts missionnée par le président de la République pour répondre à la problématique des écrans, et dont le rapport vient d'être relayé par plusieurs médias français. S'il ne s'agit que d'"une forme de guide", comme l'a précisé l'un de ses auteurs sur RTL, ce rapport rappelle les conséquences que peut avoir l'usage des écrans sur la santé des enfants. Une question au cœur de la recherche scientifique depuis plusieurs années, suggérant des conséquences aussi bien sur leur santé physique que mentale.

Un impact sur le sommeil

Les chercheurs sont quasi unanimes sur le sujet : les écrans influencent significativement le sommeil des enfants, et ce de manière négative. Des travaux menés auprès de plus de 5.000 adolescents américains ont notamment montré que l'augmentation du temps passé devant un écran pendant la pandémie de Covid-19 a été associée à des heures de coucher et de lever plus tardives, amenant les chercheurs à demander la mise en place de recommandations sur le temps passé devant certains médias en fonction de l'âge de l'enfant. Même constat - ou presque - dans une étude publiée dans le Journal of Adolescent Health, qui a suggéré que l'engagement interactif (sms ou jeux vidéo) était plus néfaste pour le sommeil que la télévision chez les adolescents. Si de telles conclusions peuvent varier d'une étude à une autre, les effets des smartphones, tablettes, et autres ordinateurs sur le sommeil des plus jeunes semblent, eux, bel et bien existants.

Une hausse de l'indice de masse corporelle ?

Qui dit écrans, dit souvent sédentarité, et par extension hausse de l'obésité. C'est ce que suggèrent également de nombreuses études qui se sont intéressées à l'impact du temps passé devant les écrans sur la sédentarité, voire sur le grignotage. Des recherches présentées en 2021 dans le journal Pediatric Obesity ont notamment montré que les enfants qui passaient davantage de temps devant les écrans à l'âge de 9-10 ans étaient plus susceptibles de prendre du poids un an plus tard. Un constat qui pourrait être lié, d'après les chercheurs, au manque d'activité physique induit par l'usage des écrans, mais aussi à l'exposition des plus jeunes aux publicités alimentaires qui pourraient favoriser un grignotage excessif. Une étude plus récente, datant de 2022, indique, quant à elle, que la réduction du temps passé devant un écran permettait d'accroître l'activité physique chez les enfants.

Des troubles de la santé mentale

D'après l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), un adolescent âgé de 10 à 19 ans sur sept est atteint d'un trouble de la santé mentale (anxiété, dépression, troubles du comportement). Si l'on se fie aux études scientifiques sur la question, il semble que les écrans sont susceptibles d'être à l'origine, ou tout du moins d'aggraver, certains de ces troubles. Une étude longitudinale a notamment montré en 2021 que les enfants qui passaient le plus de temps devant les écrans présentaient des symptômes de santé mentale significativement plus élevés pendant la crise sanitaire. De précédents travaux, publiés dans le Canadian Journal of Psychiatry, ont également révélé que l'usage des médias sociaux, de la télévision et de l'ordinateur était associé à une hausse des niveaux d'anxiété chez les adolescents, contrairement aux jeux vidéo.

Pas de consensus scientifique

Attention toutefois, si une revue de la littérature scientifique sur les écrans tend à pointer du doigt leurs effets néfastes sur la santé, on ne peut pas parler - loin de là - de consensus. Un travail de recherche publié en 2022 dans JAMA Psychiatry a notamment mis en évidence un lien entre le temps passé devant les écrans et des problèmes de comportement chez les enfants âgés de 12 ans et moins, mais tout en précisant que celui-ci était "faible". Plus récemment, une équipe de chercheurs dirigée par l'Inserm a, sans les minimiser, également nuancé ces méfaits sur le développement cognitif. Publiée dans The Journal of Child Psychology and Psychiatry, l'étude conclut notamment que "le temps d’écran n’est pas le seul facteur à prendre en compte : le contexte dans lequel a lieu l’utilisation de l’écran pourrait également représenter un facteur important. En outre, tous les domaines de cognition ne seraient pas touchés de façon similaire".

En novembre dernier, une vaste étude menée auprès de quelque deux millions de personnes a également fait couler beaucoup d'encre. A l'origine de ces travaux, des chercheurs de l'université d'Oxford y expliquaient ne pas être parvenus à mettre en évidence une quelconque atteinte à la santé mentale causée par l'usage d'internet. "Nous avons étudié les données les plus complètes sur le bien-être et l'adoption d'internet jamais prises en compte, à la fois dans le temps et sur le plan démographique. Bien que nous n'ayons pas pu déterminer les effets causaux de l'utilisation d'internet, nos résultats descriptifs indiquent des associations faibles et inconsistantes", indiquaient alors les auteurs de l'étude.

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